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Ce qu’on ne vous a JAMAIS dit sur votre DOULEUR



Vous avez des problèmes au dos, à l’épaule, au genou, à la hanche ou à plusieurs endroits du corps?


La persistance de vos problèmes s’explique peut-être par un phénomène qui, étonnamment, demeure méconnu, bien qu’une quantité impressionnante de preuves scientifiques l’ait démontré depuis déjà plusieurs années.


J'observe d’ailleurs ce phénomène chez une proportion élevée de mes patients.


Idem pour mes collègues médecins, physiothérapeutes, chiropraticiens et autres professionnels de la santé qui s’affairent à mieux comprendre les problèmes de santé qui entraînent de la douleur musculosquelettique.


Ce phénomène méconnu se nomme la sensibilisation centrale. Mon article d’aujourd’hui vous la présente et vous donne des conseils pour la déjouer efficacement.


Bonne lecture.

Denis


 


5 choses à savoir sur la douleur


Avant d’entrer dans le vif du sujet de la sensibilisation centrale, voici 5 choses à savoir sur la douleur:

  1. La douleur est d’abord et avant tout un système d’alarme qui vous indique que quelque chose ne va pas, qu’il y a un problème physique qui se situe à la région douloureuse.

  2. Lorsque la douleur perdure, les choses ne sont pas toujours aussi simples que ce qui est mentionné au point 1. Et parfois, il n’y a même plus l’ombre d’un problème physique à la région douloureuse.

  3. La douleur persistante ou chronique peut-être reliée à un mauvais fonctionnement des régions du cerveau qui détectent la douleur, comme un système d’alarme défectueux qui se déclencherait pour un rien.

  4. Environ une personne sur 5 est touchée par la douleur persistante ou chronique. Il s’agit d’un enjeu majeur qui est malheureusement trop souvent banalisé par l’entourage de la personne concernée.

  5. La douleur a de puissants effets sur toutes les sphères de nos vies. Elle affecte le confort — cela va de soi —, mais elle altère aussi les émotions, l'état psychologique, les fonctions cognitives comme la concentration et la mémoire et elle peut également perturber la vie professionnelle, sociale et familiale.


Bref, la douleur est un phénomène complexe dont les effets sont souvent sous-estimés.


À l’échelle de la population, les coûts associés à la douleur excèdent d’ailleurs ceux reliés au cancer, au diabète ou aux maladies cardiovasculaires!



Qu’est-ce que la sensibilisation centrale?


On prend souvent pour acquis que la douleur ne s’explique que par un problème local, comme une hernie discale, une tendinite ou tout autre problème musculosquelettique.


Erreur.


Votre système nerveux vous joue des tours plus souvent qu’à son tour. La sensibilisation centrale est certainement le plus réussi d’entre tous.


Dit autrement: la sensibilisation centrale est l’amplification par le système nerveux d’une sensation physique (ou du souvenir d’une sensation physique) au point de déclencher de la douleur, ou de la maintenir, et ce, même en l’absence d’un problème physique.


«Bon, ça y est. Il va nous dire que la douleur est entre nos deux oreilles!»


Oui et non. C’est surtout plus complexe que ça. Voici...


Le fait que votre cerveau soit mis en contact avec des sensations douloureuses pendant des semaines, des mois ou des années, eh bien, certaines régions dudit cerveau finissent par fonctionner différemment, et c’est à ce moment-là que le tour que vous joue votre cerveau commence à devenir un bien mauvais tour.


Et qu’on ne s’y trompe pas. La sensibilisation centrale n’est pas quelque chose d’imaginaire.

Il s’agit d‘un phénomène physiologique et bien réel. Un peu comme un muscle qu’on entraîne et qui se met à prendre du volume et à modifier les particularités de sa physiologie.


Dans le cas qui nous occupe, se sont certaines régions du cerveau qui se transforment et qui deviennent plus sensibles à la douleur, plus réactives aux sensations douloureuses ainsi qu‘aux souvenirs de sensations douloureuses.


Disons les choses comme ceci: votre cerveau est un disque dur qui risque de se formater différemment lorsqu’il côtoie la douleur persistante ou chronique.


La sensibilisation centrale concerne le cerveau, mais aussi l’ensemble du système nerveux, incluant la moelle épinière et les nerfs. Lorsque ceux-ci sont impliqués , il est alors question de sensibilisation périphérique.


« Bon, je veux bien. Mais tout ça me semble vraiment très théorique. Des exemples concrets?»


 

Vous aimez ce blogue?


Pourtant, les meilleurs conseils de Denis ne se trouvent pas sur ce blogue, mais bien dans ses livres, dont Lève-toi et marche!: le remède miracle existe et il est gratuit.

Demandez-le à votre libraire!

 


4 déclinaisons de la sensibilisation centrale


Voici 4 déclinaisons de la sensibilisation et des exemples tirés de mon expérience professionnelle.


1. Un message douloureux amplifié (ou hyperalgésie): la douleur est amplifiée, comparativement à ce que vous devriez normalement ressentir.


EXEMPLE: vous placez votre genou au sol, comme vous pouvez le faire normalement tous les jours, et cela provoque instantanément une douleur forte au genou. Vous consultez un professionnel de la santé qui n’arrive pas à expliquer cette douleur par une blessure physique, et encore moins à comprendre son intensité démesurée. Or, aucun signe d’inflammation n’est présent.


2. Un message douloureux prolongé: la douleur se prolonge significativement et anormalement.


EXEMPLE: vous placez la main sur le mur en sortant de la douche, comme vous le faites normalement tous les jours, et cela provoque une douleur modérée au poignet qui dure deux jours entiers. Vous consultez un professionnel de la santé qui n’arrive pas à expliquer cette douleur par une blessure physique, et encore moins sa durée.


3. Un message douloureux anormal (ou allodynie): la douleur se manifeste dans un contexte où elle ne devrait jamais être présente.


EXEMPLE: on effleure la peau de votre bras et vous ressentez une forte douleur, alors que ni votre peau et ni votre bras ne sont blessés.


4. Le phénomène de pseudo-contagions: la douleur se manifeste à plusieurs endroits du corps, sans que des problèmes locaux ne puissent être observés aux régions concernés.


EXEMPLE: vous avez mal au bas du dos depuis des années. Au fil du temps, vous remarquez que plusieurs endroits de votre corps vous causent de la douleur sans pouvoir les relier à un élément déclencheur. Vous avez consulté plusieurs spécialistes et personne ne peut expliquer vos douleurs. Tous les examens sont négatifs et la piste de l’arthrite ou toute autre maladie chronique est éliminée.

Quel problème de santé peut-il être causé ou exacerbé par la sensibilisation centrale?


Les phénomènes de sensibilisation centrale sont notamment présents dans les contextes de santé suivants et à des degrés qui varient d’une personne à l’autre:

  • la fibromyalgie ;

  • le syndrome de stress post-traumatique ;

  • une proportion (trop) élevée de cas d’arthrose  et d'arthrite ;

  • certains cas de douleurs au dos ;

  • certains cas de douleurs au genou ou à la hanche ;

  • certains cas de tendinite ;

  • certains cas de migraines ;

  • certains cas de cancer aux prises avec de la douleur chronique ;

  • les utilisateurs de certains médicaments. Par exemple, les opioïdes, ceux-ci ayant notamment comme effet indésirable l’hyperalgésie.


Précisions


La sensibilisation centrale ne doit pas être un prétexte pour expliquer toutes les douleurs dont on ne comprend pas l'origine.


La sensibilisation centrale doit toujours être établie après avoir éliminé les autres causes probables de douleur, notamment un problème physique à la région douloureuse, une maladie autoimmune, un problème hormonal, une maladie neurologique ou respiratoire, etc...


Il arrive également qu'un problème local persiste (ex.: une blessure au dos) et qu’un phénomène de sensibilisation centrale soit aussi présent.



Y a-t-il des éléments qui peuvent augmenter le risque de sensibilisation centrale?


Bien qu’il soit impossible de prédire qui sera aux prises avec la sensibilisation centrale dans un groupe de patients qui ont subit un même type de blessure, oui, il existe des caractéristiques qui sont associées à la sensibilisation centrale, donc celles-ci:



Comment dépister la sensibilisation centrale?


Il n’existe pas de test sanguin ni de test d’imagerie médicale qui permettent de diagnostiquer la sensibilisation centrale.


Un questionnaire est cependant reconnu pour sa validité, soit l’Inventaire des critères de la sensibilisation centrale, dont cette version traduite en français.


Les items du questionnaire vous permettront de vous familiariser avec le concept même de sensibilisation centrale.


Je vous invite cependant à consulter un professionnel de la rééducation qui pourra interpréter vos résultats et établir avec vous un plan d’intervention efficace.


Si vous êtes au Québec, visitez le site de l’Ordre professionnel de la physiothérapie du Québec.


Si vous êtes en France, visitez le site de l’Ordre des masseurs kinésithérapeutes.


 

C'est gratuit!


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15 conseils pour déjouer la sensibilisation centrale



  1. Assurez-vous que votre douleur est belle et bien causée par la sensibilisation centrale, c’est-à-dire qu’elle n’est pas causée par une blessure physique mal guérie. Un professionnel de la santé vous aidera à y voir plus clair.

  2. Une fois le conseil 1 suivi, cessez de chercher la cause de la douleur, mais cherchez plutôt à comprendre (et à traiter) ce qui explique le fait que votre douleur perdure. Si vous ne le faites pas, vous risquez de vous perdre dans le labyrinthe des causes de la douleur alors que le problème s’explique plutôt par la sensibilisation centrale, en partie ou en totalité.

  3. Demandez à ce qu’on évalue si vous êtes aux prises avec la sensibilisation centrale avant de continuer de passer mille et un tests d’imagerie médicale qui ne change rien à votre condition.

  4. Consultez des professionnels de la santé qui connaissent, et qui idéalement ont développé une expertise concernant le concept de sensibilisation centrale.

  5. Évitez les thérapies et les interventions qui reproduisent et prolongent votre douleur. Le conseil peut sembler une évidence, mais je rencontre trop souvent des patients qui se sont dit (ou se sont fait dire) c’est bon signe quand ça fait mal, alors on continue cette thérapie.

  6. Remettez en question les explications simplistes pour un problème complexe. Un classique: vous avez une douleur au cou depuis 10 ans qu’on explique par le seul fait que vous avez une jambe plus courte de 1 cm. On veut alors vous vendre des semelles (ou orthèses plantaires) qui prétendument règleront tous vos maux, et ce, sans jamais vous parler de la sensibilisation centrale.

  7. Soyez vigilant quant à l’utilisation de la médication pour le traitement de la douleur chronique et abordez ce sujet avec votre pharmacien. Certains médicaments peuvent provoquer de l’hyperalgésie comme effet indésirable. C’est le cas des opioïdes pour lesquelles les bienfaits n’ont d’ailleurs jamais été démontrés quant au soulagement de la douleur chronique dans un contexte d’utilisation prolongée.

  8. Souvenez-vous que la douleur chronique ne se règle pas qu’à coup d’infiltrations et de médicaments. Les problèmes complexes requièrent des interventions complexes. Dans un contexte de douleur chronique, il est indispensable de tenir compte de la sensibilisation centrale pour élaborer un plan de traitement efficace.

  9. Pour déjouer la sensibilisation centrale, familiarisez-vous très progressivement avec des activités qui reproduisent la douleur, mais à très petites doses. L’idée principale est de reprogrammer votre cerveau afin qu’il associe ces activités à une expérience positive, d’où l’importance de suivre ce conseil à petites doses.

  10. Lorsque la douleur se déclenche durant une activité, un mouvement ou un exercice, assurez-vous de contrôler les paramètres de l’activité afin d’éviter que la douleur s’amplifie. Faites-le en modifiant la vitesse des mouvements, l’intensité de l'activité, en prenant des pauses, en alternant avec une autre activité ou en effectuant quelque chose qui soulage la douleur.

  11. Familiarisez-vous avec les concepts de catastrophisation (ou catastrophisme) et de kinésiophobie (la crainte de certains mouvements). Vous pourrez ainsi évaluer si vous êtes concernés par ces concepts et vous en éloigner peu à peu. N’hésitez pas à demander de l’aide d’un professionnel de la santé, comme un psychologue ou un physiothérapeute.

  12. Combattez le déconditionnement physique qui est souvent présent chez les personnes aux prises avec de la douleur chronique et de la sensibilisation centrale. Cela se remarque par une diminution d’endurance, de la fatigue, une perte de force musculaire et de moins bonnes capacités cardiovasculaires.

  13. Prenez soin de votre sommeil, les troubles du sommeil étant fréquemment associés à la sensibilisation centrale.

  14. Prenez soin de votre santé mentale. On ne le répétera jamais assez, la douleur persistante ou chronique a des effets sur l’ensemble de la personne, incluant sa santé mentale. Lorsque celle-ci se fragilise, il se créé un terreau propice à la sensibilisation centrale.

  15. Consultez un psychologue expert en douleur chronique. Les thérapies cognitive-comportementales sont des interventions pertinentes pour déjouer la sensibilisation centrale.


Une conférence?


Denis consacre une grande partie de ses activités professionnelles à donner des conférences, au Québec et à l'étranger, que ce soit en milieu de travail, en entreprise ou dans des organismes communautaires.


Il est aussi possible de demander à votre bibliothèque locale d'inviter Denis à présenter une de ses conférences.


Cliquez ici pour obtenir plus d’informations sur les conférences.



Des guides pratiques et utiles


Denis Fortier est un clinicien expérimenté, minutieux et reconnu. Il est aussi auteur et chroniqueur à la radio et à la télé.


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Des conseils en vidéos!




Les informations que vous y découvrirez sont complémentaires aux différents livres de Denis. Elles concernent notamment la douleur au dos et au cou, la posture, les exercices thérapeutiques et la prévention de plusieurs problèmes de santé.


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