La respiration : la grande oubliée du gym ?
- Denis Fortier

- 13 oct.
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 14 oct.

La respiration touche à tout : les performances sportives, la gestion du stress, la qualité du sommeil, la projection de la voix… et même la concentration au quotidien.
Peut-on vraiment mieux respirer — et entraîner sa respiration comme on renforce ses biceps au gym ?
La réponse est oui — à condition d’y aller avec mesure, méthode et nuance.
Dans mon article d’aujourd’hui, je vous propose un aperçu simple du fonctionnement de la respiration, une explication concrète de ce qu’est l’entraînement respiratoire, et un regard sur ce qu’on en ressent vraiment.
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L’ABC de la respiration
La respiration est un effort automatique — et parfois volontaire — finement coordonné entre les voies aériennes, les muscles et le cœur. Et on la pratique plus de 20 000 fois par jour !
L’air entre par le nez ou la bouche, chemine à travers les voies nasales, la gorge, la trachée, puis les bronches avant d’atteindre les poumons. Le diaphragme, large muscle en forme de dôme sous la cage thoracique, se contracte et s’abaisse : ce mouvement crée une légère dépression qui fait entrer l’air dans les poumons. Lorsque l’effort devient plus exigeant, les muscles accessoires — notamment ceux du cou — viennent en renfort pour amplifier l’inspiration.
Une fois dans les poumons, l’oxygène traverse la fine barrière des alvéoles pulmonaires pour rejoindre la circulation sanguine, où il se fixe à l’hémoglobine, véritable navette chargée de le livrer aux muscles et aux organes. Le cœur ajuste alors son rythme pour répondre à la demande, tandis que la respiration soutient aussi la parole, la posture et l’équilibre des pressions dans le thorax.
Et l’expiration ?
Elle se fait généralement sans effort, grâce à l’élasticité naturelle des poumons et de la cage thoracique. Mais lorsque ces structures perdent de leur souplesse — ou que l’air peine à s’échapper, comme dans certaines maladies pulmonaires — les muscles prennent la relève : les abdominaux, notamment, se contractent pour expulser l’air. L’expression « crampé de rire » vient d’ailleurs de là : ce moment où les abdos travaillent tellement fort qu’ils protestent… au nom de la bonne humeur.
Quand ce système respiratoire se dérègle — par la sédentarité, la maladie ou les effets du vieillissement —, renforcer les muscles de l’inspiration peut aider à redonner au geste respiratoire son aisance et son efficacité.
L’entraînement respiratoire, c’est quoi ?
D’abord utilisé en réadaptation, l’entraînement respiratoire vise à renforcer les muscles de l’inspiration en les faisant travailler contre une résistance réglable, pour rendre la respiration plus efficace et moins coûteuse.
Aujourd’hui, il s’étend au sport et au grand public, non sans quelques dérives marketing et promesses exagérées.
Comment ça se passe ?
On respire à travers un embout ou une valve qui freine l’entrée d’air. La résistance se règle comme un poids à la salle d’entraînement : plus elle est élevée, plus les muscles respiratoires sont sollicités. Certaines valves utilisent un ressort mécanique ; d’autres fonctionnent grâce à une ouverture calibrée qui oppose un flux d’air constant. Les séances sont brèves — quelques minutes à la fois — et répétées plusieurs fois par semaine.
Comment l’intensité est-elle mesurée ?
En milieu clinique, on évalue souvent ce qu’on appelle la pression inspiratoire maximale : la plus grande force d’aspiration que l’on peut exercer. Ce test permet de calibrer la résistance de l’appareil, un peu comme on ajuste la charge d’un exercice de musculation.
La plupart des protocoles reposent sur une intensité modérée, autour de 50 à 60 % de cette force maximale, un niveau jugé efficace sans être épuisant.
En dehors des milieux spécialisés, cette intensité est rarement mesurée de façon objective. On se fie alors aux sensations : la résistance doit être perceptible, mais sans provoquer d’étourdissement ni de tension excessive. L’objectif est de faire travailler le diaphragme, pas de malmener le souffle.
L’entraînement respiratoire est un outil de réadaptation, dont le principe est simple : faire travailler les muscles de l’inspiration contre une résistance réglable pour les rendre plus forts et plus endurants, de sorte que chaque respiration coûte moins d’effort.
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Ce qu’on ressent — et ce que ça change
Pendant la séance, on sent une résistance nette sous la cage thoracique : le diaphragme travaille. Chez certaines personnes, une toux peut survenir lorsque des sécrétions se déplacent — un phénomène attendu dans plusieurs contextes de rééducation.
Après quelques semaines, les muscles de l’inspiration gagnent en puissance. En revanche, les grands volumes d’air mesurés au spiromètre — l’appareil qui quantifie la quantité d’air inspirée et expirée — varient peu.
Ce que la recherche met davantage en évidence, c’est une réduction de la dyspnée (la sensation d’essoufflement) et une meilleure tolérance à l’effort, notamment chez les personnes dont la respiration est fragilisée.
En somme, on ne transforme pas ses poumons : on rend simplement le moteur respiratoire plus efficient.
Les bienfaits possibles
Les données scientifiques mettent en lumière plusieurs effets prometteurs de l'entraînement respiratoire:
une amélioration du confort durant la respiration, perceptible dès les premières semaines ;
un effort physique mieux toléré, grâce à une ventilation plus efficace ;
dans certains cas, une récupération plus rapide après un exercice soutenu.
L’entraînement respiratoire pourrait également contribuer à la rééducation après certaines maladies, à la prévention de la baisse de capacité respiratoire liée à l’âge, ou encore à la préparation physique de certains athlètes.
Ces bénéfices dépendent toutefois de plusieurs facteurs : la régularité, la qualité du geste, la condition de santé, la progression graduelle et, surtout, un encadrement approprié.
Quelques précautions
Ce type d’entraînement est globalement sûr, mais il doit être adapté à chaque profil.
Il est déconseillé en cas d’asthme instable, de troubles de pression dans les oreilles, juste après une infection ORL ou en présence d’un pneumothorax.
Comme pour tout exercice, il faut respecter des règles d’hygiène et de bon sens : désinfecter l’embout, éviter de le partager et, en cas de doute, demander l’avis d’un professionnel de la santé.
L’entraînement respiratoire pourrait également contribuer à la rééducation après certaines maladies, à la prévention de la baisse de capacité respiratoire liée à l’âge, ou encore à la préparation physique de certains athlètes.
À retenir
L’entraînement respiratoire ne fait pas « gonfler » les poumons ; il optimise le travail du diaphragme et renforce les muscles inspiratoires.
Les résultats les plus souvent observés : une respiration plus fluide, un souffle plus puissant et, dans la vie quotidienne, une impression d’aisance accrue à l’effort ou à la marche.
Un physiothérapeute (au Québec et au Canada) ou un kinésithérapeute (en France), formé en rééducation respiratoire, peut vous aider à intégrer ce travail dans votre routine, au bon rythme et dans le bon contexte.
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Denis
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Références
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Liu F, Jones AYM, Tsang RCC, Yam TTT, Tsang WWN. Effects of inspiratory muscle training on respiratory function, diaphragmatic thickness, balance control, exercise capacity and quality of life in people after stroke: A randomized controlled trial protocol. PLoS One. 2025 Mar 25;20(3):e0319899. doi: 10.1371/journal.pone.0319899. PMID: 40131895; PMCID: PMC11936291.
Respiratory Muscle Training – Physiopedia, URL : https://www.physio-pedia.com/Respiratory_Muscle_Training
Torres-Castro R, Caicedo-Trujillo S, Gimeno-Santos E, Gutiérrez-Arias R, Alsina-Restoy X, Vasconcello-Castillo L, Seron P, Spruit MA, Blanco I, Vilaró J. Effectiveness of inspiratory muscle training in patients with a chronic respiratory disease: an overview of systematic reviews. Front Sports Act Living. 2025 May 21;7:1549652. doi: 10.3389/fspor.2025.1549652. PMID: 40469386; PMCID: PMC12133981.
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