Entorse de cheville : combien de temps pour guérir… et quand consulter?
- Denis Fortier

- 29 août
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 15 oct.

L’entorse de cheville est l’une des blessures les plus fréquentes, autant chez les sportifs que dans la population générale. On pourrait croire qu’il suffit « d’attendre que ça passe », mais la réalité est plus nuancée. Certaines entorses guérissent en quelques semaines, d’autres laissent des séquelles qui persistent des mois, voire des années.
Alors, combien de temps prend normalement une entorse de cheville pour guérir? Et dans quels cas faut-il consulter sans tarder? Mon article d'aujourd'hui répond à ces questions avec nuances.
Et pour en apprendre un peu plus sur les risques de ne pas consulter assez rapidement, de façon plus générale, voici le lien de ma chronique sur cette thématique.
Bonne lecture et bon visionnement!
Le temps normal de récupération
La plupart des entorses légères ou modérées (grade I ou II) guérissent bien avec un traitement conservateur. Voici une approximation de ces durées.
Entorse légère ou grade I: retour fonctionnel possible en 2 à 6 semaines.
Entorse modérée ou grade II : la récupération peut prendre jusqu’à 12 semaines, surtout pour un retour complet au sport ou un emploi physiquement exigeant.
Entorse sévère ou grade III : la guérison est plus longue, souvent plusieurs mois, et nécessite un suivi rigoureux (il s’agit d’une véritable déchirure ligamentaire).
Mais il existe une grande variabilité dans la guérison.
Le chercheur Philippe Terrier a montré que près de la moitié des patients ne sont pas totalement rétablis après sept mois, et que la persistance de la douleur à la marche après quatre semaines est un signe de mauvais pronostic.
De son côté, le chercheur Erik Schwartz rappelle que, même dans les entorses qualifiées de « bénignes », l’imagerie médicale révèle souvent d’autres lésions associées, comme une blessure à l'os sans fracture ou une atteinte ligamentaire multiple. Cela peut expliquer les raisons d'une plus longue récupération.
Pourquoi certaines entorses ne guérissent-elles pas bien?
Oui, le temps de récupération est un facteur important en prendre en compte, mais aussi la qualité de la récupération.
Malgré son image de blessure « banale », l’entorse de cheville peut entraîner des complications durables.
Entre 20 et 40 % des personnes développent une instabilité chronique, avec douleurs, gonflement ou impression que la cheville « lâche ».
Environ 1 patient sur 3 rapporte encore des symptômes de 1 à 5 ans après l’accident.
Ces données rappellent l’importance d’un suivi approprié en physiothérapie (kinésithérapie, en France), même lorsque la blessure semble mineure.
Les facteurs associés à une moins bonne récupération incluent :
une douleur persistante en charge,
une limitation importante de l’amplitude,
une rechute (nouvelle entorse) dans les trois premiers mois.
Le chercheur Eduard Dalmau-Pastor décrit ce phénomène comme un « effet domino » :
une entorse, même mineure, peut provoquer de microfissures cartilagineuses invisibles à l’imagerie initiale,
ces microtraumatismes modifient la biomécanique de l’articulation,
ce déséquilibre favorise l’usure prématurée, l’instabilité chronique et parfois l’arthrose.
Loin d’être anecdotique, cette dynamique explique pourquoi certaines chevilles restent fragiles pendant des années si elles ne sont pas prises en charge correctement.
Malgré l’image d’une blessure « banale », l’entorse de cheville peut entraîner des complications durables.
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Attendre ou consulter?
Il est vrai que plusieurs entorses guérissent d’elles-mêmes, mais attendre comporte parfois des risques. Il faut consulter sans tarder si :
la douleur empêche de marcher plus de quelques pas (règles d’Ottawa : critères cliniques qui orientent la décision de faire ou non une radiographie);
un gonflement important ou un hématome apparaît rapidement;
la douleur persiste ou s’aggrave après quelques semaines;
une instabilité récurrente est ressentie;
la personne est un enfant (impact possible sur la croissance) ou une personne âgée (risque accru de chute et de perte d’autonomie).
Dans ces cas, l’évaluation par un professionnel de la santé est essentielle pour exclure une fracture ou une atteinte plus grave.
Ce qui aide à mieux guérir
Les lignes directrices internationales recommandent aujourd’hui une approche active plutôt qu’un simple repos.
Appui précoce : encouragé, soutenu par une orthèse ou un bandage fonctionnel selon le cas.
Mobilisation progressive : bouger la cheville dès que les mouvements simples ne déclenchent plus de douleur vive ni ne détériorent la condition.
Renforcement musculaire et exercices d’équilibre : essentiels pour stabiliser l’articulation.
Physiothérapie : rôle clé pour accélérer la récupération et prévenir l’instabilité chronique.
À l’inverse, une immobilisation prolongée ou l’absence de rééducation augmentent les risques de complications à long terme.
Comme le rappelle le chercheur Erik Schwartz, il est fréquent de découvrir des lésions « cachées » même dans des cas apparemment mineurs.
Conclusion : entre patience et vigilance
Une entorse bénigne peut guérir en quelques semaines, mais 1 sur 3 laisse des séquelles si elle est négligée. Comme le rappelle Erik Schwartz, il est fréquent de découvrir des lésions « cachées » même dans des cas apparemment mineurs et se rappeler qu'une entorse peut être le premier domino d’une cascade de problèmes articulaires qui fragilise durablement la cheville.
👉 La clé? Être patient, mais pas passif : laisser du temps à la guérison, favoriser le mouvement progressif et consulter rapidement si les symptômes persistent ou s’aggravent. Mieux vaut une évaluation professionnelle à temps que de traîner une cheville fragile pendant des années.
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Denis
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Références
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