10 causes fréquentes de douleur à la hanche
- Denis Fortier

- 11 oct.
- 9 min de lecture
Dernière mise à jour : 15 oct.

La hanche est une articulation complexe, où os, cartilage, tendons, muscles et nerfs coopèrent dans un espace réduit, mais très sollicité. La douleur qui en découle est souvent difficile à situer et peut se confondre avec un problème lombaire, musculaire ou même nerveux.
Quand on parle de douleur à la hanche, on pense spontanément à l’arthrose, souvent associée à l’âge — mais aussi, plus succinctement, à certaines pratiques sportives très exigeantes ou de haut niveau, ainsi qu’à des contraintes professionnelles répétitives. Pourtant, l’arthrose n’est pas la seule responsable. Des personnes jeunes et actives peuvent, elles aussi, présenter des douleurs persistantes, gênantes, parfois invalidantes.
Dans mon article d’aujourd’hui, je propose un tour d’horizon pour y voir plus clair parmi les causes probables d’une douleur à la hanche, en m’inspirant d’une revue récente qui présente les dix causes les plus fréquentes.
Bonne lecture… et bon visionnement, si vous me suivez aussi sur YouTube ! (il faut ici citer l'article
1) Arthrite, y compris l'arthrose
L’arthrite est une maladie inflammatoire complexe qui touche notamment la hanche. Elle se décline en une centaine de types, l’arthrose étant le plus fréquemment diagnostiqué. Elle correspond à une usure progressive du cartilage et des bords osseux de l’articulation, pouvant entraîner douleur, raideur et limitation des mouvements, d’abord à l’effort, puis parfois au repos lorsque la maladie progresse. D’autres formes d’arthrite, comme la polyarthrite rhumatoïde ou la spondylarthrite ankylosante, peuvent aussi toucher la hanche, provoquant des poussées douloureuses et une raideur marquée selon le contexte clinique.
Sur le plan populationnel, la prévalence et l’incidence de l’arthrose de hanche sont en forte hausse à l’échelle mondiale. Selon l’analyse du Global Burden of Disease Study 2021, le nombre de cas a augmenté de plus de 60 % entre 1992 et 2021, avec une incidence mondiale qui commence à croître dès l’âge de 30 ans et atteint un premier pic autour de 65 ans avant de remonter après 80 ans. En 2021, on estimait que des dizaines de millions de personnes vivaient avec une arthrose de hanche, et les projections suggèrent une poursuite de cette augmentation dans les décennies à venir.
2) Lésion du cartilage
Le cartilage de la hanche recouvre la tête du fémur et la cavité du bassin appelée acetabulum. Il sert à amortir les chocs et à permettre un mouvement fluide entre les surfaces osseuses.
Une lésion du cartilage correspond à une atteinte localisée, souvent provoquée par un traumatisme direct (chute, coup), une compression soudaine ou encore des mouvements répétés qui finissent par fragiliser la zone. Contrairement à l’arthrose, qui s’étend à l’ensemble de l’articulation et évolue avec le temps, ces lésions restent circonscrites à une région précise du cartilage.
Elles se traduisent le plus souvent par une douleur à l’effort, parfois accompagnée de claquements ou d’une sensation de blocage. Le problème, c’est que le cartilage se régénère difficilement : lorsqu’il s’abîme en profondeur, il se répare avec un tissu différent, moins lisse et moins résistant que celui d’origine.
L'arthrose correspond à une usure progressive du cartilage et des bords osseux de l’articulation, risquant d'entraîner douleur, raideur et limitation des mouvements, d’abord à l’effort, puis parfois au repos lorsque la maladie progresse.
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3) Conflit fémoro-acétabulaire
Dans certaines positions — flexion prononcée, rotations ou assise prolongée —, le col du fémur et le rebord de la cavité du bassin (appelée cotyle) ne s’ajustent pas parfaitement. Cette friction anormale peut amener l’os à « accrocher » le labrum, un anneau de cartilage qui agit comme un joint d’étanchéité autour de la hanche, ou encore le cartilage articulaire lui-même.
La douleur se manifeste le plus souvent à l’aine, parfois vers la cuisse ou le genou, et s’accompagne d’une raideur ou d’une perte d’amplitude.
Lorsque les facteurs mécaniques — comme une forme osseuse légèrement irrégulière, une posture de hanche trop fermée ou certaines pratiques sportives très répétitives — ne sont pas corrigés, ce frottement peut, au fil du temps, endommager le labrum et le cartilage, voire favoriser une arthrose précoce.
4) Déchirure du labrum
Comme mentionné précédemment, le labrum est un anneau de cartilage fibreux qui agit comme un joint d’étanchéité autour de la cavité de la hanche, maintenant la tête du fémur bien en place et favorisant un mouvement fluide. On trouve aussi un labrum à l’épaule, où il joue un rôle comparable de stabilité. Lorsqu’il se déchire, la hanche risque de perdre une partie de sa stabilité et de sa fluidité de mouvement. La douleur se situe le plus souvent à l’aine, avec parfois des clics, des accrochages ou une sensation de blocage.
Ces déchirures apparaissent fréquemment lorsque la forme de la hanche entraîne un frottement anormal entre le fémur et le bassin (comme dans le conflit décrit plus haut), ou encore quand la cavité est trop peu profonde, situation qu’on appelle dysplasie. Dans ce contexte, la tête du fémur est moins bien maintenue, et le labrum se fragilise progressivement.
Comme il est peu vascularisé, le labrum cicatrise lentement. En cas de douleur persistante, une prise en charge adaptée s’impose afin de préserver la stabilité de la hanche et d’éviter une aggravation des symptômes.
5) Instabilité de la hanche
La stabilité de la hanche repose sur deux mécanismes complémentaires : la stabilité passive, assurée par les ligaments et la capsule articulaire, et la stabilité active, produite par la coordination des muscles qui entourent l’articulation. Lorsque ces deux systèmes ne travaillent plus de manière harmonieuse, la hanche devient plus vulnérable.
Contrairement à une luxation, où la tête du fémur sort franchement de la cavité, l’instabilité est beaucoup plus subtile. Elle se manifeste par de micromouvements indésirables ou par des amplitudes exagérées dans certaines directions — souvent imperceptibles à l’œil nu, mais suffisantes pour irriter les tissus avoisinants.
Les causes sont variées : une dysplasie (cavité trop peu profonde), une hyperlaxité ligamentaire (ligaments trop souples) ou encore les séquelles d’un traumatisme.
Les symptômes incluent une sensation que la hanche « lâche », des douleurs diffuses à l’aine ou à la fesse, et parfois une contraction protectrice des muscles environnants, comme une réaction automatique visant à stabiliser et à protéger les articulations de la région.
La prise en charge repose avant tout sur une rééducation fonctionnelle, qui vise à renforcer la stabilité et à rétablir un meilleur contrôle des mouvements.
L'instabilité de la hanche se manifeste par de micromouvements indésirables ou par des amplitudes exagérées dans certaines directions — souvent imperceptibles à l’œil nu, mais suffisantes pour irriter les tissus avoisinants.
6) Ressaut interne (syndrome du psoas)
Il est possible de percevoir un “clac” à l’avant de la hanche lorsque le tendon du muscle ilio-psoas glisse sur certaines structures osseuses — un phénomène bien décrit dans la littérature scientifique. Celui-ci survient généralement lors du passage d’une hanche pliée et tournée vers l’extérieur (par exemple en montant un escalier ou en se relevant d’une chaise) à une position plus étendue et tournée vers l’intérieur.
Chez beaucoup de personnes, ce ressaut est sans douleur. Il devient un syndrome du psoas lorsqu’il s’accompagne de gêne ou de douleur, souvent à l’aine ou à l’avant de la hanche, notamment lors du lever d’une chaise, de la course ou d’activités répétitives.
Dans la majorité des cas, ce phénomène est bénin. Lorsqu’il est douloureux, un examen clinique permet d’en identifier la cause et d’ajuster les mouvements ou les exercices pour éviter la friction répétée du tendon.
7) Syndrome douloureux trochantérien
Souvent confondu avec une bursite, ce tableau implique le plus souvent les tendons du moyen fessier, parfois partiellement lésés, à proximité du grand trochanter. La douleur se situe sur le côté de la hanche, s’aggravant à la marche prolongée, lors de la montée d’escaliers ou en position allongée sur le côté atteint.
Dans les formes plus marquées, une faiblesse du moyen fessier peut provoquer un léger déséquilibre du bassin à la marche, donnant parfois une impression de hanche « qui tombe » d’un côté. À la palpation, la zone est souvent sensible, surtout lorsque la hanche est en rotation externe.
Le traitement en physiothérapie repose généralement sur une approche progressive et adaptée : mieux doser les activités qui irritent la zone, renforcer peu à peu les muscles fessiers et pelviens, et favoriser un retour à la mobilité sans douleur. La récupération est souvent bonne, même si elle demande parfois de la patience.
8) Ressaut externe (bandelette ilio-tibiale
À la différence du ressaut interne, perçu à l’avant de la hanche, celui-ci se manifeste sur le côté externe. Le « clac » correspond au frottement de la bandelette ilio-tibiale — une longue structure fibreuse et tendue reliant la hanche au genou —, ou parfois du tendon du grand fessier, lorsqu’ils glissent sur le grand trochanter pendant le passage de la hanche de l’extension à la flexion.
Le claquement est souvent net, parfois visible, et peut devenir douloureux après des efforts répétés, notamment chez les coureurs ou les marcheurs réguliers.
Il n’est pas nécessaire d’envisager des traitements complexes : l’important est de reconnaître le phénomène et d’en cerner les circonstances, afin d’ajuster les mouvements ou les activités qui entretiennent la gêne.
Souvent confondu avec une bursite, le syndrome douloureux trochantérien implique le plus souvent les tendons du moyen fessier, parfois partiellement lésés, à proximité du grand trochanter.
9) Syndrome glutéal profond
Il existe des sciatiques qui ne viennent pas du dos. Dans le syndrome glutéal profond, le nerf sciatique peut être comprimé au passage entre les muscles profonds de la fesse — notamment le piriforme, les jumeaux, l’obturateur interne et le carré fémoral.
Le syndrome du piriforme en est la forme la plus connue, mais il ne représente qu’un sous-ensemble du syndrome glutéal profond, qui englobe d’autres causes possibles de compression du nerf sciatique dans la région fessière.
Les symptômes imitent une sciatique classique : douleur dans la fesse irradiant vers la cuisse, parfois accompagnée de fourmillements ou d’engourdissements. Le dos, souvent normal à l’imagerie, oriente vers une origine périphérique plutôt que lombaire.
L’examen clinique joue un rôle central : certains mouvements de rotation de hanche ou de tension musculaire reproduisent la douleur et confirment la piste. L’imagerie, elle, sert surtout à écarter d’autres causes. Une évaluation précise permet ensuite d’ajuster les exercices et les positions pour décompresser le nerf et rétablir la mobilité de la hanche.
10) Conflit ischio-fémoral
Ce conflit apparaît lorsque l’espace entre l’ischion, l’os sur lequel on s’assoit, et le fémur devient trop étroit. Le muscle carré fémoral, pris en étau, se retrouve comprimé. La douleur est profonde, localisée dans la fesse ou parfois à l’aine, et s’aggrave souvent lors de grandes enjambées ou à la course.
Le tableau est observé plus souvent chez les femmes, notamment en raison de particularités anatomiques du bassin. Le diagnostic repose avant tout sur l’examen clinique, qui oriente selon la localisation et la reproduction de la douleur. L’imagerie n’est utile que lorsqu’un doute persiste entre plusieurs causes et qu’un éclairage supplémentaire peut guider la prise en charge. En pratique, le regard et les mains du clinicien demeurent les outils d’évaluation les plus fiables.
Et un 11e, en prime: Les lésions des ischiojambiers proximaux
Les ischiojambiers — semi-tendineux, semi-membraneux et biceps fémoral — s’attachent sur la tubérosité ischiatique, une proéminence osseuse de la partie inférieure du bassin, à la jonction entre la hanche et la fesse. Lors d’un sprint, d’un saut ou d’un grand écart, ces muscles peuvent s’étirer brutalement, provoquant une lésion qui va de la simple élongation à la rupture complète.
Dans leur forme chronique, ces atteintes se manifestent souvent par une tendinopathie, surtout chez les coureurs ou les sportifs d’endurance. La douleur, profonde dans la fesse, s'accentue à l’effort ou après un geste brusque, parfois décrite comme une tension persistante qui gêne l’assise ou la foulée.
Ces lésions complètent le tableau des douleurs postérieures de hanche et sont fréquentes en pratique, notamment dans les sports explosifs ou répétitifs.
Pour s’y retrouver
Il est important de se rappeler que toutes les douleurs de hanche ne se valent pas. Les classifier selon leur région — avant, côté ou arrière — aide déjà à resserrer les hypothèses. Plusieurs diagnostics peuvent d’ailleurs coexister, par exemple un conflit morphologique et une déchirure du labrum.
L’examen clinique reste le fil conducteur : il permet de cerner la cause par l’observation, la palpation et les tests de mouvement. Les examens d’imagerie ne sont indiqués que lorsqu’ils peuvent réellement changer la prise en charge ou confirmer une hypothèse précise.
La majorité des situations décrites ici relèvent d’une prise en charge progressive, fondée sur l’ajustement des activités, la récupération de la mobilité et le renforcement des muscles de soutien. La douleur qui suit un traumatisme, comme une chute ou un impact direct, doit toutefois faire suspecter une fracture ou une atteinte osseuse : dans ce cas, un examen médical rapide s’impose.
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Denis
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Références
Nègre, I. (2019). Syndrome du muscle psoas. Douleurs : Évaluation – Diagnostic – Traitement, 20(5), 236-243. https://doi.org/10.1016/j.douler.2019.07.001
Gong J, Xiang C, Zheng S. Global, regional, and national burden of hip osteoarthritis (1992-2021) and predictions of future disease burden trends: a systematic analysis of the global burden of disease study 2021. BMC Musculoskelet Disord. 2025 Oct 1;26(1):908. doi: 10.1186/s12891-025-09126-5. PMID: 41034839; PMCID: PMC12487461.
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