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Douleur au genou : surmonter la peur de bouger et retrouver le mouvement

  • Photo du rédacteur: Denis Fortier
    Denis Fortier
  • 11 sept.
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 15 oct.


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La peur de bouger — ou kinésiophobie — est un phénomène méconnu du grand public, mais bien documenté par la recherche. Elle joue un rôle déterminant dans la récupération après une blessure ou une chirurgie.


Dans mon article d’aujourd’hui, je partage des données scientifiques récentes et des conseils pratiques issus de mon expérience clinique. L’objectif : mettre en lumière une dimension trop souvent négligée dans la réadaptation.


Bonne lecture… et bon visionnement, si vous me suivez aussi sur YouTube !


Mieux comprendre ce frein invisible


La kinésiophobie désigne la peur excessive ou irrationnelle du mouvement, souvent liée à la crainte d’avoir mal, de se blesser ou de se blesser à nouveau.


Ce phénomène psychologique n’est pas anodin : il peut mener à l’évitement d’activités pourtant essentielles au maintien de la mobilité et au rétablissement. Plusieurs études ont montré qu’il entretient un cercle vicieux : moins on bouge, plus s’installent la douleur, la raideur et la difficulté à accomplir les gestes quotidiens.


Dans ce qui suit, le genou servira d’exemple privilégié. Mais la kinésiophobie peut concerner n’importe quelle articulation ou région du corps touchée par une blessure ou une douleur persistante.



Douleur fémoro-patellaire : quand la peur prend le dessus


Chez les personnes atteintes de douleur fémoro-patellaire, la kinésiophobie joue un rôle majeur. Une vaste étude regroupant plus de 2 700 patients a montré que la peur de bouger est modérément liée à une diminution des capacités physiques, et seulement faiblement liée à l’intensité de la douleur.


Autrement dit, ce n’est pas toujours la douleur qui empêche de marcher, courir ou s’accroupir, mais la peur qu’un geste réveille cette douleur. Ce constat est d’autant plus préoccupant qu’il persiste parfois après un programme de rééducation bien conduit, ce qui suggère que la dimension psychologique doit être abordée aussi directement que la biomécanique.


Et vous, avez-vous déjà remarqué que la crainte de bouger pouvait limiter vos mouvements davantage que la douleur elle-même ?


Les auteurs de l’étude soulignent que certaines interventions ciblées sont prometteuses: approches psychocomportementales, éducation, exercices autogérés. Des outils, comme le taping ou une orthèse, peuvent également apporter un soulagement immédiat et redonner confiance dans le mouvement. Mais ces options doivent toujours être encadrées par un professionnel de la physiothérapie ; elles ne sont pas des recettes magiques.


Ce n’est pas toujours la douleur qui empêche de marcher, courir ou s’accroupir, mais la peur qu’un geste réveille cette douleur.


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Lésions du ménisque : une alliance à risque


Les blessures du ménisque constituent un autre terrain fertile pour la kinésiophobie. Ici, c’est l’alliance problématique entre facteurs physiques (douleur, raideur, sévérité de la lésion) et psychologiques (sentiment d’impuissance, anxiété) qui alimente la peur de bouger.


Une étude chinoise rapporte qu’environ 60 % des patients porteurs d’une lésion méniscale manifestaient une peur marquée de bouger.


Parmi les facteurs prédictifs :

  • la sévérité de la lésion, en particulier les déchirures de grade III, qui traversent toute l’épaisseur du ménisque et atteignent sa surface;

  • la raideur et la perte de mobilité du genou;

  • la douleur persistante;

  • une faible confiance en sa capacité de récupération.


Autrement dit, la peur ne s’explique pas uniquement par le genou : elle découle aussi de la manière dont on perçoit ses ressources personnelles. C’est pourquoi votre clinicien insiste peut-être sur l’importance d’agir simultanément sur les plans corporel et psychologique : restaurer la souplesse et la force du genou, mais également cultiver l’assurance nécessaire pour l’utiliser de nouveau avec aisance.



Arthrose et chirurgie : une peur qui survit au bistouri


L’arthrose du genou illustre un autre visage de la kinésiophobie. Les patients atteints rapportent fréquemment une douleur chronique, une perte d’autonomie et une crainte d’aggraver leur état en bougeant. Une méta-analyse confirme que la kinésiophobie est liée de façon notable à la douleur et à la réduction des capacités de la vie quotidienne.


Et même après une opération majeure comme la prothèse totale du genou, la peur de bouger persiste trop souvent : la kinésiophobie demeure présente chez environ un patient sur trois après l’intervention, selon ces chercheurs. Les chercheurs soulignent que cette peur est surtout associée à la douleur résiduelle, à une faible estime de soi, au manque de soutien social et à des stratégies d’adaptation centrées sur l’évitement.


C’était le cas de ma mère, à qui l’on avait implanté une prothèse de hanche et qui craignait parfois de la casser en bougeant — une histoire que je raconte dans mon roman Corps étranger. Ce rappel me permet de souligner combien la kinésiophobie peut devenir, littéralement, un « corps étranger » dans le processus de réadaptation : une peur tenace qui survit même à la chirurgie.


La kinésiophobie demeure présente chez environ un patient sur trois après une intervention chirurgicale de prothèse de genou.

Retrouver confiance dans le mouvement


Voici quelques pistes simples pour apprivoiser la kinésiophobie, inspirées des données scientifiques :


  • Bougez par étapes : de petits gestes répétés valent mieux que l’inactivité totale.

  • Célébrez vos progrès : chaque mouvement réussi est une preuve que la douleur n’est pas synonyme de dommage.

  • Alternez effort et récupération : un équilibre entre exercices et détente évite la surcharge.

  • Variez vos activités : combinez marche, vélo, exercices de renforcement ou d’équilibre. L’idée est de multiplier les contextes — debout, assis, à faible intensité ou plus soutenue — pour travailler différentes capacités sans routine ni appréhension.

  • Appuyez-vous sur votre entourage : le soutien social augmente la motivation et réduit l’isolement.

  • Informez-vous : comprendre les mécanismes de la douleur aide à la dissocier de la peur.

  • Cherchez l’accompagnement : un suivi professionnel sécurise et guide le retour au mouvement.


En résumé


👉 En résumé, la kinésiophobie est une barrière invisible, mais bien réelle dans la réadaptation du genou. Que l’on parle de douleur fémoro-patellaire, de lésion méniscale ou d’arthrose avancée, le constat demeure : la peur de bouger peut freiner la reprise de vos activités autant, sinon davantage, que l’atteinte articulaire. La reconnaître et la cibler, au même titre que la force musculaire ou la mobilité, permet d’ouvrir la voie à un mouvement plus libre et durable.


Pour aller plus loin, mes livres Lève-toi et marche et Plus jamais malade propose d'autres contenus complémentaires.


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Merci de prendre soin de vous – et à très bientôt.


Denis



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Références


Du X, Shao Y, Xue J, Kong J. Prevalence and influencing factors of kinesiophobia after total knee arthroplasty: a systematic review and meta-analysis. J Orthop Surg Res. 2025 Apr 1;20(1):332. doi: 10.1186/s13018-025-05752-w. PMID: 40170179; PMCID: PMC11959722.


Lozano-Meca J, Gacto-Sánchez M, Montilla-Herrador J. Association of kinesiophobia with pain, disability and functional limitation in adults with knee osteoarthritis: A systematic review and meta-analysis. Geriatr Nurs. 2024 Nov-Dec;60:481-490. doi: 10.1016/j.gerinurse.2024.10.013. Epub 2024 Oct 18. PMID: 39426272.


Rethman KK, Mansfield CJ, Moeller J, De Oliveira Silva D, Stephens JA, Di Stasi S, Briggs MS. Kinesiophobia Is Associated With Poor Function and Modifiable Through Interventions in People With Patellofemoral Pain: A Systematic Review With Individual Participant Data Correlation Meta-Analysis. Phys Ther. 2023 Sep 1;103(9):pzad074. doi: 10.1093/ptj/pzad074. PMID: 37354454; PMCID: PMC10517194.


Tang F, Xu P, Jiang C, Ke X, Huang D, Dai Y, Lin Z, Wang S. Current status and factors influencing kinesiophobia in patients with meniscus injury: a cross-sectional study. J Orthop Surg Res. 2025 Jan 30;20(1):113. doi: 10.1186/s13018-025-05498-5. PMID: 39885496; PMCID: PMC11780815.




 
 
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