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7 conseils simples (et puissants) pour mieux communiquer avec son professionnel de la santé

  • Photo du rédacteur: Denis Fortier
    Denis Fortier
  • il y a 6 jours
  • 6 min de lecture

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Ça vous est déjà arrivé de sortir d’un rendez-vous médical en vous disant : « J’aurais dû lui parler de ça… » ou « Je n’ai pas tout compris » ? La communication est au cœur de chaque rencontre entre soignant et soigné — et elle est tout sauf simple. Stress, vocabulaire technique, manque de temps, écrans omniprésents : autant d’éléments qui peuvent brouiller le message.


Dans mon article d’aujourd’hui, je propose des conseils et repères simples, concrets et faciles à appliquer pour mieux comprendre… et être mieux compris lors d’une consultation.


Bonne lecture… et bon visionnement, si vous me suivez aussi sur YouTube !


On peut aussi écouter ma chronique radio sur le même sujet, à l'émission Pénélope, en cliquant ici.


1) Préparer trois points clés


Les jours qui précèdent votre rendez-vous, notez au moins trois éléments essentiels : votre symptôme principal, ce qui l’aggrave ou l’améliore, et votre objectif concret en matière de santé. S’il y en a davantage, tant mieux — mais ces trois-là, au moins, resteront en tête une fois devant le professionnel.


Exemples : « reprendre la marche 30 minutes sans douleur » ou « retrouver un sommeil réparateur malgré la douleur au dos ».


Cette courte préparation aide à structurer la discussion et à ne rien laisser de côté une fois en consultation.



2) Laisser parler… et se laisser parler


Les études montrent qu’un soignant interrompt son patient après environ 36 secondes de prise de parole. Mais ces interruptions ne sont pas toujours négatives : près de 83 % d’entre elles serviraient à clarifier, reformuler ou manifester de l’intérêt, et non à couper la parole.


Il n’en demeure pas moins que ces premières secondes sont souvent les plus riches d’informations — celles où l’on décrit le mieux ce qu’on ressent.


Laissez-vous le temps d’aller au bout de votre idée. Et si vous êtes interrompu, dites calmement : « Je termine dans dix secondes, ensuite je vous écoute. »

Les jours qui précèdent votre rendez-vous, notez au moins trois éléments essentiels : votre symptôme principal, ce qui l’aggrave ou l’améliore, et votre objectif concret en matière de santé.

3) Reformuler pour mieux retenir


À la fin de la rencontre, prenez quelques secondes pour résumer ce que vous avez compris : « Si je comprends bien, je dois… ». Cette reformulation active — parfois appelée teach-back — permet de vérifier que tout le monde parle le même langage.

Elle augmente les chances que le traitement soit bien suivi, réduit nettement les erreurs liées aux médicaments ou aux consignes de réadaptation, et favorise une meilleure mémorisation des informations reçues.


Les patients qui reformulent ce qu’ils ont compris se sentent plus confiants et mieux outillés pour appliquer les conseils donnés.


Une habitude simple… et redoutablement efficace.



4) Poser des questions sur les mots


Certains termes médicaux, même exacts, peuvent faire sursauter : « dégénératif », « chronique », « terminal », « morbide »… Ils ont un sens clinique précis, mais leur résonance émotionnelle peut être tout autre.


N’hésitez pas à demander simplement : « Qu’est-ce que cela veut dire, exactement ? »

ou : « Est-ce quelque chose de fréquent ? »


Ces mots, employés sans mauvaise intention, peuvent parfois être perçus comme froids ou réducteurs, comme si l’on résumait la personne à sa maladie. Poser la question, c’est une manière de ramener de l’humain dans la discussion, de rétablir un dialogue et d’éviter que l’inquiétude ne s’installe.


Un mot expliqué, c’est déjà une part d’anxiété en moins.

Les patients qui reformulent ce qu’ils ont compris se sentent plus confiants et mieux outillés pour appliquer les conseils donnés. Une habitude simple… et redoutablement efficace.

5) Laisser une place au silence


Un court silence de deux à trois secondes aide à intégrer une information importante ou à formuler une question. Ce moment suspendu n’est pas du vide : c’est du temps d’écoute, un espace pour respirer, assimiler ou préparer sa réponse.


Le silence, bien utilisé, n’interrompt pas la communication : il la prolonge. Il ouvre parfois la porte à une parole plus vraie, à une question retenue ou à une émotion qui trouve enfin sa place.


C’est aussi un moment idéal pour laisser parler le paralangage — tout ce qui accompagne les mots sans en faire partie : le ton de la voix, le rythme, les pauses, les petits “hum” ou “d’accord”. Ces signes subtils influencent autant la compréhension que la confiance. Une voix douce et assurée, un léger hochement de tête, une respiration partagée : tout cela crée un climat où la communication devient plus claire… et plus humaine.



6) Recréer le contact visuel


La technologie a transformé nos consultations : les écrans sont partout, utiles pour suivre les dossiers, mais parfois envahissants. Quand le professionnel regarde plus souvent son ordinateur que son patient, la communication perd en chaleur… et souvent en précision.


Si vous vous trouvez dans cette situation, vous pouvez simplement proposer : « Est-ce qu’on peut regarder ensemble le dossier ? » Quand c’est possible, cette invitation transforme l’écran en outil partagé, plutôt qu’en barrière.


Et si certaines informations ne peuvent pas être affichées, laissez le professionnel terminer sa lecture, puis reprenez le contact — un regard, une phrase, une question directe suffisent souvent à rétablir le fil humain de la discussion.


Les études montrent que le contact visuel est un pilier de la communication thérapeutique : il augmente la confiance, la compréhension et la satisfaction du patient envers la relation de soins. À l’inverse, plus le regard se tourne vers l’écran, plus l’écoute se rétrécit, les questions se raréfient et les réponses deviennent mécaniques.


C’est tout le paradoxe du soin connecté : faut-il regarder les données… ou regarder la personne ? Et souvent, c’est dans les yeux que se trouvent les informations les plus précieuses.

Le silence, bien utilisé, n’interrompt pas la communication : il la prolonge. Il ouvre parfois la porte à une parole plus vraie, à une question retenue ou à une émotion qui trouve enfin sa place.

7) Se concentrer sur l’essentiel plutôt que sur “tout dire”


Trop d’informations, parfois, noient la discussion. J’en sais quelque chose : comme physiothérapeute, j’ai souvent tendance à vouloir tout expliquer, tout détailler — une pathologie, un exercice, un mécanisme… Mais à force de tout dire, on risque parfois d’alourdir la discussion ou de brouiller le message, même avec les meilleures intentions.


Mieux vaut cibler un objectif principal par rencontre : comprendre un diagnostic, clarifier un traitement ou confirmer la prochaine étape. Cela n’empêche pas d’élargir la discussion en cours de route, ni d’aborder plusieurs sujets, mais toujours en gardant un cap clair.


Cette approche recentre l’échange et favorise la clarté des réponses. On quitte la consultation avec une idée précise, plutôt qu’avec plusieurs questions à moitié élucidées.



L’essentiel à retenir


Bien communiquer avec un professionnel de la santé, ce n’est pas dire plus, c’est dire mieux. Préparer ses idées, reformuler, poser les bonnes questions, oser le silence et retrouver le contact humain : des marques d'attention simples, mais puissantes et profondément humaines.


Mieux communiquer, c’est aussi mieux se soigner.


P.S. Un grand merci à la Dre Marie-Thérèse Lussier et à Audrey Talbot pour notre discussion riche et stimulante sur la communication en santé, lors du Sommet de l’Association québécoise de la physiothérapie.


Je vous encourage toutes et tous à découvrir leurs ouvrages respectifs :



Pour aller plus loin, mes livres Lève-toi et marche et Plus jamais malade proposent d'autres contenus complémentaires.


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Merci de prendre soin de vous – et à très bientôt.


Denis



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Références


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