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Ce qu’on oublie souvent avant un rendez-vous médical

  • Photo du rédacteur: Denis Fortier
    Denis Fortier
  • 30 oct.
  • 6 min de lecture

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On parle beaucoup du système de santé, ici comme ailleurs, mais rarement de ce qui en fait la force : la qualité du dialogue. Lorsque la communication se fragilise — entre les acteurs du réseau ou entre le patient et le professionnel —, la confiance s’effrite, et les soins perdent en efficacité.


Apprendre à mieux communiquer, simplement, pourrait changer bien des choses.

Les soins qu’on reçoit s’en trouveraient souvent plus justes, plus adaptés… et plus humains.


On passe souvent plus de temps à planifier ses vacances qu’à se préparer à une rencontre avec un médecin, un physio ou un autre professionnel de la santé. Pourtant, la façon dont on communique pendant ces quelques minutes influence la qualité des échanges, la compréhension du diagnostic et la motivation à suivre un traitement.


Dans mon article d’aujourd’hui, je propose quelques stratégies simples — mais étonnamment efficaces — pour mieux communiquer avec son professionnel de la santé. Ces conseils s’appuient sur mon expérience clinique et plusieurs études récentes qui mettent en lumière l’importance d’un dialogue clair et collaboratif entre le patient et le professionnel.


Bonne lecture !


Avant le rendez-vous


Selon une étude récente, une proportion importante de la population éprouve des difficultés à assimiler pleinement les informations médicales transmises. Ce n’est pas une question de capacité intellectuelle : c’est souvent lié à la complexité du langage utilisé, à la quantité d’informations livrées en peu de temps, ou encore au stress du moment.


La solution ? Écrire ses questions à l’avance.


Les écrire aide à clarifier ce qu’on souhaite vraiment savoir et à éviter d’oublier un point essentiel une fois dans le bureau. Souvent, plusieurs sujets se bousculent : un nouveau symptôme, un résultat de test, une inquiétude ancienne. On peut aussi se sentir pressé par le temps ou déstabilisé par l’émotion. Une courte liste permet alors de garder le cap et de profiter pleinement de la rencontre.


Un bon réflexe est de formuler ses questions de façon ouverte :


« Comment pourrais-je… ? », « Pourquoi ce traitement plutôt qu’un autre ? », « Que puis-je faire si la douleur revient ? »

Ces formulations encouragent le professionnel à expliquer, à contextualiser et à personnaliser sa réponse, bien davantage qu’une question fermée qui appelle un simple oui ou non.



Pendant la rencontre : exprimer et comprendre


Une publication récente rappelle à quel point le respect des préférences des patients influence la qualité des soins. Les auteurs invitent les cliniciens, notamment les physiothérapeutes, à s’intéresser davantage à ce qui compte vraiment pour leurs patients : la durée des traitements, la clarté des explications ou la possibilité de participer aux décisions.


Pourtant, ces échanges ne sont pas toujours fluides : on n’ose pas toujours poser ses questions, et le professionnel, pressé par le temps, peut passer trop vite sur certains détails. Une simple phrase peut pourtant changer le ton de la rencontre :


« Je ne suis pas certain d’avoir bien compris, pouvez-vous me l’expliquer autrement ? Et parmi les options possibles, laquelle correspond le mieux à ma situation ?»

Ces questions simples ouvrent la porte à une véritable discussion sur les besoins et les priorités du patient. Et si certains mots paraissent flous ou trop techniques, il ne faut pas hésiter à demander une reformulation : le langage médical, souvent dense ou involontairement jargonneux, peut dérouter même les patients les plus informés.



La reformulation : un outil efficace


Des travaux récents montrent que résumer à voix haute ce qu’on a compris permet de renforcer la clarté et d’éviter les malentendus. Ce qu’on appelle le teach-back dans la langue de Shakespeare n’est pas réservé aux professionnels : on peut soi-même dire à la fin d’une rencontre :


« Si je résume : je fais les exercices cinq minutes par jour, j’arrête si la douleur dépasse 5 sur 10, et on se revoit dans deux semaines ? »

Ce petit geste favorise la précision et peut même rappeler au professionnel un point qu’il aurait omis : un dosage, un conseil pratique, un suivi à planifier.



Quand les mots inquiètent plus qu’ils n’expliquent


Il arrive qu’un mot médical fasse sursauter : « instable », « dégénératif », « chronique ». Ces termes ont une valeur clinique, mais ils peuvent être entendus autrement par la personne qui les reçoit. Plusieurs études en communication clinique rappellent que les mots choisis par le professionnel influencent la façon dont on perçoit la gravité d’un problème… et parfois même notre motivation à suivre un traitement.


Poser des questions comme :


« Qu’est-ce que ça veut dire, exactement ? » « Est-ce quelque chose de fréquent ? »

Cela ne remet pas en cause le professionnel ; cela montre simplement qu’on veut comprendre et participer aux décisions qui nous concernent.



Et l’intelligence artificielle dans tout ça ?


De plus en plus de patients cherchent des informations avant leur consultation. Des études et des publications récentes rapportent que des systèmes d'intelligence artificielle comme Penny ou MyChart Assistant sont déjà utilisés dans certains hôpitaux pour répondre à des questions simples ou rappeler des consignes de soins.


Ces outils, qu’on appelle robots conversationnels, peuvent être utiles pour vulgariser ou mieux comprendre un problème de santé. Mais avant de s’y fier, trois précautions s’imposent.


  1. Ces systèmes font encore des erreurs.

Le phénomène d’« hallucination » de l’intelligence artificielle — bien documenté dans la recherche — fait référence à des réponses présentées avec assurance, mais complètement inventées. Il ne s’agit donc pas d’erreurs mineures : ces fausses affirmations peuvent brouiller la compréhension ou alimenter de fausses inquiétudes.


  1. Les sources ne sont pas toujours identifiées.

On ignore souvent d’où viennent les données utilisées pour formuler une réponse, ce qui complique la vérification de leur fiabilité.


  1. Ils peuvent toutefois aider à mieux se préparer.

Utilisés avec discernement, ces outils peuvent servir à formuler ses questions avant la consultation, à repérer les points à clarifier ou à comprendre un vocabulaire médical. Le plus important : en parler ouvertement avec le professionnel de la santé. Cela lui permet de savoir d’où viennent certaines attentes… ou certaines inquiétudes.



Après la rencontre : écrire pour mieux retenir

La mémoire s’efface vite : on oublie une grande partie des explications reçues dans l’heure qui suit une consultation. Prendre quelques minutes pour noter les recommandations du professionnel, tout de suite après la rencontre, aide à les retenir, à mieux les comprendre et à les appliquer au quotidien.


« Faire les exercices 10 minutes par jour ; revoir le physio le 12 mai ; éviter la position assise prolongée. »

Certaines cliniques envoient désormais un résumé numérique de la consultation.

Mais on peut aussi le demander directement, ou tout simplement griffonner les points essentiels avant de quitter la salle. Ce geste simple permet de consolider l’information pendant qu’elle est encore fraîche — et d’éviter que des détails importants ne s’effacent en chemin. Prendre le temps d’écrire, c’est aussi prolonger la rencontre et s’assurer de bien intégrer ce qui a été dit.



En résumé


Bien communiquer avec un professionnel de la santé, ce n’est pas parler plus fort ni plus longtemps — c’est parler plus juste. C’est préparer ses questions, s’exprimer simplement, reformuler ce qu’on a compris et ne pas hésiter à demander des précisions.


Une communication claire favorise la compréhension, renforce la confiance et améliore la qualité des soins. Mieux communiquer, c’est déjà mieux se soigner.


Pour aller plus loin, mes livres Lève-toi et marche et Plus jamais malade proposent d'autres contenus complémentaires.


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Merci de prendre soin de vous – et à très bientôt.


Denis



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Références

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Bruin N, Wittink H, Oosterhaven J, Hesselink A, Hobbelen H, Lakke S. Physiotherapist-targeted strategies and tools for recognising patients with limited health literacy and adapting physiotherapeutic communication: A scoping review. Patient Educ Couns. 2025 Aug;137:108784. doi: 10.1016/j.pec.2025.108784. Epub 2025 Apr 17. PMID: 40273837.


Rauseo C, Cheng MS. Unlocking Patient Voices: Advancing Physical Therapist Practice With Discrete Choice Experiments. Phys Ther. 2024 Jul 2;104(7):pzae063. doi: 10.1093/ptj/pzae063. PMID: 38624225.


Sun G, Zhou YH. AI in healthcare: navigating opportunities and challenges in digital communication. Front Digit Health. 2023 Dec 19;5:1291132. doi: 10.3389/fdgth.2023.1291132. PMID: 38173911; PMCID: PMC10763230.

 
 
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