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Bien se chausser : ce qu’on néglige au quotidien

  • Photo du rédacteur: Denis Fortier
    Denis Fortier
  • 20 sept.
  • 7 min de lecture

Dernière mise à jour : 15 oct.



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On choisit souvent ses chaussures pour leur confort, leur style ou leur prix. Mais il est plus rare de les considérer comme des éléments pouvant influencer notre équilibre, notre posture, certaines douleurs articulaires — et même la façon dont les pieds des enfants se développent.


Cet article s’inspire principalement d’une revue publiée dans la revue Healthcare, réalisée par des chercheurs de l’Université de Liverpool et de l’École des arts de Gand. Les auteurs y analysent les effets du chaussage quotidien sur la santé locomotrice, c’est-à-dire sur les fonctions qui nous permettent de nous déplacer harmonieusement — en dehors des contextes sportifs ou médicaux.


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Le pied nu : un point de comparaison naturel


Pendant la plus grande partie de son évolution, l’humain a marché sans chaussures. Le pied s’est donc adapté à interagir directement avec le sol, sans amorti ni soutien artificiel. Ce n’est qu’il y a environ 30 000 ans que les chaussures ont fait leur apparition.


Sans idéaliser la marche pieds nus, les chercheurs rappellent que cette condition demeure une référence utile pour comprendre l’impact mécanique des chaussures modernes. Les callosités qui se forment naturellement offrent une protection sans nuire à la sensibilité, et les muscles profonds du pied sont pleinement sollicités — ce qui favorise la stabilité et la coordination.


Trois grandes familles de chaussures


Les auteurs distinguent trois types de chaussage, qui influencent différemment la mobilité :

  • Pied nu : encore courant à la maison, c’est souvent le seul moment de la journée où le pied n’est pas contraint.

  • Chaussures minimalistes : souples, légères, sans soutien structuré ni talon surélevé. Ces modèles ne sont pas réservés aux adeptes de la course à pied, et peuvent convenir à toute personne souhaitant favoriser un mouvement plus naturel.

  • Chaussures conventionnelles : généralement plus épaisses, elles comportent un talon, un soutien plantaire rigide et une structure souvent rigide, parfois au détriment de la dynamique naturelle du pied.


Le pied s’est adapté à interagir directement avec le sol, sans amorti ni soutien artificiel. Ce n’est qu’il y a environ 30 000 ans que les chaussures ont fait leur apparition.

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Quand tout commence… très tôt


Plusieurs études, bien que relativement anciennes (Rao et Joseph, 1992 ; Sachithanandam et Joseph, 1995), suggèrent que l’habitude de marcher pieds nus durant l’enfance serait associée à :

  • une meilleure formation de la voûte plantaire ;

  • une réduction des cas de pieds plats ;

  • une musculature du pied plus développée et plus souple.


Inversement, le port précoce de chaussures rigides ou mal ajustées serait lié à certaines déformations osseuses, à des douleurs plantaires ou à des troubles de posture — même si les auteurs rappellent que plusieurs facteurs (génétiques, culturels, environnementaux) peuvent interagir.


Une revue de la littérature plus récente vient nuancer ces constats. Les chercheurs soulignent l’absence de recommandations cohérentes et fondées sur des données robustes en ce qui concerne le choix de chaussures pour les enfants en bonne santé, bien que leur influence sur le développement musculosquelettique soit reconnue.


Très peu d’études ont exploré les effets à long terme d’un chaussage minimaliste ou conventionnel, et les conseils cliniques divergent largement d’un pays à l’autre. L’examen des lignes directrices et des documents professionnels existants révèle une grande variabilité des recommandations concernant la flexibilité, la forme ou l’épaisseur de la semelle — des éléments pourtant susceptibles d’influencer la posture, la motricité ou la perception sensorielle de l’enfant.


En somme, le choix de chaussures en pédiatrie demeure une zone grise, dans laquelle il semble préférable de s’appuyer sur l’observation des besoins individuels et l’adaptation morphologique, plutôt que sur des critères figés ou des normes universelles.



Ce que le temps modifie


Avec les années, la peau de la plante des pieds devient plus ferme et moins souple — notamment en comparaison avec celle des enfants. Les muscles profonds du pied peuvent perdre en tonicité, et la mobilité articulaire tend à diminuer, en partie en raison du vieillissement naturel des tissus, de la réduction des mouvements dans la vie quotidienne, ou encore d’adaptations posturales.


Ces changements rendent le choix des chaussures plus déterminant. Une semelle trop molle ou instable peut compromettre l’équilibre, ou rendre la marche moins fluide, notamment chez les personnes qui avancent en âge ou présentent une diminution des capacités d’adaptation.


Ce que la recherche dit sur les composantes des chaussures


L’article publié dans Healthcare présente les effets les plus documentés des principales caractéristiques des chaussures modernes :


Talon surélevé


Le talon modifie la posture en déplaçant le centre de gravité vers l’avant. Il peut augmenter les contraintes sur les genoux, perturber le déroulement de la marche et contribuer, à long terme, à un raccourcissement du tendon d’Achille. Aucune donnée solide ne soutient son utilité pour la population générale.


Coussinage


Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les semelles très amortissantes n’absorbent pas nécessairement mieux les chocs à la marche. Elles peuvent réduire la stabilité et diminuer la perception sensorielle au niveau de la plante du pied. Un coussinage modéré pourrait compenser la perte d’élasticité du coussinet plantaire observée avec l’âge, mais les preuves à ce sujet sont encore peu nombreuses.


Soutien de la voûte plantaire


Chez les personnes souffrant de douleurs à l’arche interne ou de fatigue du pied — par exemple en cas de pieds plats symptomatiques —, un soutien intégré peut parfois apporter un soulagement. Mais, chez la majorité des adultes sans symptômes, rien ne démontre que ce soutien soit utile. Chez l’enfant, surtout s’il est chaussé trop tôt, il pourrait même freiner le développement naturel de la voûte plantaire.


Forme et taille


La majorité des gens portent des chaussures trop étroites, surtout à l’avant du pied. Une étude citée rapporte que 88 % des femmes portaient des chaussures dont la largeur était inférieure d’au moins un centimètre à celle de leurs pieds. Cela empêche l’élargissement naturel du pied à la marche, favorise les douleurs à l’avant-pied (notamment sous les os métatarsiens) et augmente le risque de déformations, comme l’hallux valgus ou les orteils en griffe. Il faut rappeler que le pied est une des structures les plus susceptibles de se déformer sous l’effet de contraintes externes.


Semelles rigides et contreforts


En dehors de situations cliniques précises, comme le pied diabétique ou certaines formes d’arthrose avancées, les semelles rigides n’ont pas démontré de bénéfices chez les adultes en bonne santé. Elles peuvent gêner le déroulement du pas, limiter la mobilité de l’avant-pied et réduire l’adaptation du pied aux irrégularités du sol.


Une étude citée rapporte que 88 % des femmes portaient des chaussures dont la largeur était inférieure d’au moins un centimètre à celle de leurs pieds.

Douleur au talon : ce que montre une étude récente


Chez les personnes présentant déjà des douleurs au talon, certaines caractéristiques de la chaussure pourraient offrir un soulagement ponctuel. Une étude publiée dans la revue Journal of Foot and Ankle Research a évalué différents modèles auprès de femmes souffrant de douleurs plantaires. Les combinaisons les plus efficaces — incluant un soutien de la voûte plantaire, une semelle intermédiaire ferme et un coussinage ciblé au talon — réduisaient significativement la pression sous le pied et amélioraient la sensation de confort.


Ces résultats doivent toutefois être interprétés avec nuance. Ils concernent des effets immédiats, dans un contexte clinique bien particulier, et ne remettent pas en cause les réserves formulées plus tôt à propos du soutien systématique chez les personnes sans symptômes. Néanmoins, ils illustrent qu’un design bien adapté peut, dans certains cas, atténuer la douleur — à condition d’être choisi en fonction de la condition spécifique et non généralisé à toute la population.



Vers un choix plus éclairé… et mieux adapté


Les auteurs concluent que, dans la vie quotidienne, plusieurs éléments présents dans les chaussures modernes interfèrent avec la fonction naturelle du pied, sans offrir de bénéfices documentés. C’est notamment le cas des talons, des semelles trop molles ou des soutiens rigides.


En revanche, les chaussures dites minimalistes — souples, plates, bien ajustées, et respectueuses de la forme naturelle du pied — pourraient devenir un choix par défaut, particulièrement pour les activités de tous les jours, à la maison ou lors de déplacements sur sol plat. Des chaussures plus structurées pourraient toutefois demeurer pertinentes dans certaines circonstances : longue marche sur sol dur, contraintes professionnelles, troubles spécifiques du pied.


En résumé


  • Le pied nu ou chaussé de façon minimaliste favorise un mouvement plus fluide et une activation musculaire naturelle.

  • Plusieurs caractéristiques répandues dans les chaussures modernes n’ont pas démontré d’effet bénéfique à la marche.

  • Un chaussage souple, stable et bien ajusté pourrait contribuer à maintenir l’équilibre et la santé articulaire.

  • Mieux choisir ses chaussures, c’est aussi prendre soin de sa mobilité, au même titre que l’activité physique ou l’alimentation.



Pour aller plus loin, mes livres Lève-toi et marche et Plus jamais malade proposent d'autres contenus complémentaires.


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Denis


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Références


D'Août K, Elnaggar O, Mason L, Rowlatt A, Willems C. Footwear Choice and Locomotor Health Throughout the Life Course: A Critical Review. Healthcare (Basel). 2025 Feb 28;13(5):527. doi: 10.3390/healthcare13050527. PMID: 40077089; PMCID: PMC11899058.


Franettovich Smith MM, van den Hoorn W, van den Hoek A, Kerr G, Hurn SE. Immediate Effects of Footwear Design on In-Shoe Plantar Pressures, Impact Forces and Comfort in Women With Plantar Heel Pain. J Foot Ankle Res. 2025 Jun;18(2):e70055. doi: 10.1002/jfa2.70055. PMID: 40509892; PMCID: PMC12163246.


Hughes L, Johnson MI, Perrem N, Francis P. Guidelines for Recommended Footwear for Healthy Children and Adolescents: A Rapid Scoping Review to Characterise the Nature and Extent of Footwear Research and Clinical Policy Guidelines. Healthcare (Basel). 2025 Jul 1;13(13):1578. doi: 10.3390/healthcare13131578. PMID: 40648606; PMCID: PMC12249973.




 
 
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