Cinq choses essentielles à connaître sur la respiration
- Denis Fortier

- 15 nov.
- 6 min de lecture

On respire entre 15 000 et 20 000 fois par jour. Un geste si banal qu’on finit par l’oublier… jusqu’au moment où le stress s’installe, une douleur apparaît ou lorsque le sommeil devient plus capricieux.
Depuis quelques années, la recherche et les cliniciens s’intéressent de plus en plus à la respiration : pas seulement comme un mouvement mécanique, mais comme une interface entre notre physiologie, nos émotions, notre système nerveux et même certains problèmes musculosquelettiques.
Dans mon article d’aujourd’hui, je vous présente cinq choses essentielles — appuyées sur plusieurs études publiées récemment — qui montrent à quel point la respiration peut influencer la santé, au-delà du simple va-et-vient de l’air.
Bonne lecture… et bon visionnement, si vous me suivez aussi sur YouTube !
1. Respirer plus lentement peut réduire la tension artérielle
On connaît déjà les bienfaits de l’activité physique ou de l’alimentation sur la tension artérielle — je vous en ai souvent parlé dans mes différentes tribunes. Mais un geste beaucoup plus simple peut aussi contribuer à faire baisser modestement la pression, sans équipement, sans abonnement et sans devoir renoncer à votre café du matin : ralentir le rythme respiratoire lors d’exercices de respiration.
Des équipes de recherche ont observé que des respirations lentes — autour de 6 à 10 cycles par minute — entraînent une baisse modeste, mais bien réelle, de la pression systolique et diastolique. Rien de miraculeux (ni de magique, ni de chamanique), mais suffisamment pour que ce soit considéré comme un outil complémentaire dans plusieurs domaines cliniques.
C’est une stratégie accessible, particulièrement utile pour les personnes qui souhaitent intégrer de petits gestes à leur routine. Quelques minutes par jour suffisent pour en ressentir les premiers effets.
Des respirations lentes — autour de 6 à 10 cycles par minute — entraînent une baisse modeste, mais bien réelle, de la pression systolique et diastolique.
2. Le diaphragme et le dos : un rôle postural méconnu
On connaît le diaphragme comme le muscle principal de la respiration. Pourtant, son implication va plus loin : il contribue notamment à la stabilisation du tronc. Cette fonction découle directement de son anatomie — il s’attache aux côtes, au sternum et aux vertèbres lombaires — et de la manière dont il travaille de concert avec le transverse, les multifides et le plancher pelvien.
Plusieurs travaux d’imagerie et de recherche clinique montrent que les personnes souffrant de lombalgie chronique présentent un diaphragme plus mince et un épaississement réduit pendant l’inspiration, signe d’un recrutement musculaire différent. Une étude échographique distincte, réalisée auprès de participants avec et sans lombalgie, rapporte également une capacité moindre du diaphragme à s’épaissir pendant l’inspiration.
Les résultats sur la mobilité du diaphragme — son excursion de haut en bas — sont un peu plus variables, mais une tendance commune se dessine : son mouvement serait fréquemment altéré chez les personnes lombalgiques.
Dit autrement : lorsqu’un diaphragme se mobilise moins bien, la mécanique respiratoire peut changer, et le bas du dos pourrait en subir les répercussions — et inversement. S’agit-il d’un lien de cause à effet ou d’une simple association ? Les données dont on dispose à ce jour ne permettent pas encore de répondre de façon catégorique.
Une chose est sûre : pour certaines personnes, travailler la respiration ne sert pas seulement à se détendre… mais aussi à améliorer la stabilité du tronc et à diminuer la charge imposée aux structures lombaires.
3. La respiration lente module le système nerveux autonome
La respiration n’agit pas qu’au niveau musculaire. Elle influence directement le système nerveux autonome, responsable notamment de la fréquence cardiaque, de la digestion, du stress et de l’état d’alerte.
Des équipes de recherche en psychophysiologie ont observé qu’un rythme d’environ six respirations par minute augmente la variabilité de la fréquence cardiaque — un indicateur associé à une meilleure capacité d’adaptation physiologique.
Cette modulation s’exerce par le nerf vague, qui relie le cerveau aux organes internes. Respirer plus lentement et de manière régulière, c’est un peu comme utiliser un accès temporaire à un système de régulation auquel on n’a habituellement pas accès directement.
Une respiration lente peut aider à diminuer certaines manifestations physiologiques du stress, comme la tension musculaire, le rythme cardiaque élevé ou la sensation d’être « en mode vigilance ». Ces effets ne résolvent pas tout, mais ils s’intègrent bien dans une stratégie globale de gestion du stress.
Un diaphragme se mobilise moins bien, la mécanique respiratoire peut changer, et le bas du dos pourrait en subir les répercussions — et inversement.
4. Les exercices respiratoires peuvent contribuer à l’équilibre mental
Les effets de la respiration sur le stress ne relèvent plus de l’intuition. Plusieurs essais cliniques montrent qu’elle peut diminuer, de façon légère à modérée, le stress, l’anxiété, certains symptômes dépressifs et les sensations de surcharge mentale.
Les mécanismes exacts demeurent complexes, mais plusieurs pistes se dégagent :
modulation du système nerveux autonome ;
amélioration de la perception corporelle ;
normalisation du rythme respiratoire ;
interruption ponctuelle des « boucles de stress ».
J’ai d’ailleurs abordé plusieurs thématiques liées à ces enjeux dans un direct sur ma chaîne YouTube, en compagnie de Sonia Lupien, chercheure en neurosciences et experte du stress, qui présente avec rigueur la manière dont ces mécanismes interagissent.
5. Quelques minutes de respiration peuvent améliorer le sommeil
La respiration lente et la respiration diaphragmatique ont aussi été étudiées pour leurs effets sur le sommeil. On observe, dans plusieurs contextes cliniques, une amélioration de la qualité du repos nocturne, de l’endormissement et parfois une diminution des réveils nocturnes.
Pour certaines personnes, la respiration lente avant le coucher aide à atténuer l’hypervigilance — cette impression d’être « allumé » même quand la fatigue est présente. Pour d’autres, elle facilite la transition entre l’activité cognitive de la journée et l’état de relâchement nécessaire au sommeil.
C’est une stratégie particulièrement utile en présence de douleur chronique ou d’un sommeil fragile. Et comme elle ne nécessite aucun matériel, elle peut s’intégrer facilement à une routine du soir.
À retenir
La respiration n’est pas seulement un automatisme : c’est un outil. Elle peut influencer la tension artérielle, renforcer la stabilité du tronc, moduler le stress, favoriser l’équilibre mental et faciliter le sommeil. On ne peut pas tout régler en respirant, mais on peut déjà faire beaucoup, avec régularité et quelques minutes par jour.
Pour aller plus loin, mes livres Plus jamais malade et Va prendre l’air proposent d’autres contenus complémentaires.
Le livre Poumons, de mon collègue l’urgentologue Dr Alain Vadeboncœur, demeure une référence incontournable : clair, précis et généreux dans ses explications.
Et Par amour du stress, de ma collègue de micro Sonia Lupien, est un ouvrage marquant et accessible, qui aide à comprendre comment le stress façonne notre quotidien.
On peut aussi s’abonner gratuitement à mon infolettre et recevoir chaque semaine des conseils pratiques et du contenu exclusif.
Merci de prendre soin de vous – et à très bientôt.
Denis
Davantage de contenus
Vous trouverez d'autres contenus sur mes différentes plateformes:
Mon infolettre à laquelle vous pouvez vous abonner gratuitement
Mes livres
Ma page Facebook
Ma chaîne YouTube.
Références
Braun B, Petrou E, Ostrowski J. Diaphragm Thickness and Excursion in Nonspecific Low Back Pain: A Critically Appraised Topic. J Sport Rehabil. 2025 Oct 7:1-6. doi: 10.1123/jsr.2024-0466. Epub ahead of print. PMID: 41057025.
Fincham GW, Strauss C, Montero-Marin J, Cavanagh K. Effect of breathwork on stress and mental health: A meta-analysis of randomised-controlled trials. Sci Rep. 2023 Jan 9;13(1):432. doi: 10.1038/s41598-022-27247-y. PMID: 36624160; PMCID: PMC9828383.
Garg P, Mendiratta A, Banga A, Bucharles A, Victoria P, Kamaraj B, Qasba RK, Bansal V, Thimmapuram J, Pargament R, Kashyap R. Effect of breathing exercises on blood pressure and heart rate: A systematic review and meta-analysis. Int J Cardiol Cardiovasc Risk Prev. 2023 Dec 27;20:200232. doi: 10.1016/j.ijcrp.2023.200232. PMID: 38179185; PMCID: PMC10765252.
Shao, R., Man, I.S.C. & Lee, T.M.C. The Effect of Slow-Paced Breathing on Cardiovascular and Emotion Functions: A Meta-Analysis and Systematic Review. Mindfulness 15, 1–18 (2024). https://doi.org/10.1007/s12671-023-02294-2
Steinmane V, Fernate A. The effect of breathing exercises on adults’ sleep quality: An intervention that works. Frontiers in Sleep. 2025;4:1603713. DOI:10.3389/frsle.2025.1603713
Ziaeifar M, Sarrafzadeh J, Noorizadeh Dehkordi S, Arab AM, Haghighatkhah H, Zendehdel Jadehkenari A. Diaphragm thickness, thickness change, and excursion in subjects with and without nonspecific low back pain using B-mode and M-mode ultrasonography. Physiother Theory Pract. 2022 Nov;38(13):2441-2451. doi: 10.1080/09593985.2021.1926022. Epub 2021 Jun 1. PMID: 34061721.
